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AU BORD DE LA SEINE...
Se déplacer pour travailler !

Par Julie Bernard, jeudi 14 août 2014 ,Western

Nous retournons aujourd'hui au camping des Groux pour rencontrer les personnes qui y séjournent. Nous nous rendons dans le mobilhome où logent 4 travailleurs. Tous les quatre sont dans le bâtiment, ils travaillent pour Ramerie bâtiment. Le premier y travaille depuis 10 ans, deux autres depuis 8 ou 9 ans et le dernier y travaille depuis 6 ans. Ils font du gros oeuvre ; maçonnerie, béton, etc. Cette boite emploie actuellement 3700 salariés. Et ils nous racontent que les conditions de travail ont évolué en quelques années.

« Il y a quelques années, nous travaillions à 30 km de chez nous. Aujourd'hui, on nous envoie parfois à plus de 200 km. C'est une situation qui n'est pas évidente, parce que quand tu as une famille, tu as envie de rentrer chez toi tous les soirs, mais on n'a pas vraiment le choix. Ici, nous travaillons sur le chantier d'une école-crèche-maison médicalisée à Véteuilles, rue Montrond. Nous sommes arrivés il y a 2 mois et nous sommes encore là pour deux semaines. Après le chantier ferme pour les vacances. Certains d'entre nous reviendront par là, d'autres seront dépêchés ailleurs. - moi, par exemple, après les vacances , je vais à Beauvais. Et là, je ne serais qu'à une heure de route de chez moi, donc je rentrerai tous les soirs. De toute façon, la boite ne veut pas payer de logement.

Il y a quelques années, également, nous avions des fourgonnettes de fonction, fournie par l'entreprise, mais ils les ont retirés dernièrement. Donc maintenant on prend les voitures personnelles pour aller sur chaque chantier et ils nous payent en zone, c'est-à-dire à vol d'oiseau. Donc tu fais 100 km, ils t'en payent 70.

Pendant nos déplacements, parfois nous sommes à l'hôtel et parfois en camping. Mais le camping c'est quand même mieux, parce que d'une part c'est moins cher et d'autre part, on peut vivre dehors. À l'hôtel tu es enfermé entre 4 murs, tu manges dans un lit, il n'y a pas de micro-ondes, et puis dans les formules 1, tu es obligé d'aller dans les douches communes. Alors qu'ici, on a une salle de bain, un micro-ondes, c'est tout équipé, il y a tout ce qu'il faut.

Deux d'entre nous dorment dans une des chambres du mobilhome, le troisième dans le canapé et le quatrième dans la dernière chambre. Mais on n'a pas vraiment besoin de plus. On arrive, on travaille, et puis on s'en va ! On fait énormément d'heures les premiers jours de la semaine pour pouvoir partir le vendredi midi et rentrer chez nous. Ça laisse du temps pour la route ! »


tag : camping chantier urbain habitat leger et mobile le long de la Seine rencontre ville mobile

Réalisation : Échelle inconnue
MAKHNOVTCHINA
MAKHNOVTCHINA
Makhnovtchina est un repérage actif des nouvelles mobilités urbaines et périurbaines à l'heure des grands projets de métropolisation. C'est un atelier itinérant de production participative d'images (fixes, vidéos, ou multimédia), de textes, de cartes, de journaux, « Work in progress ». Ce travail mené par des architecte, géographe, créateur informatique, sociologue et économiste vise à terme la proposition d'architecture ou d'équipements mobiles et légers. Ce travail vise, en outre, à explorer les futurs vides ou terrae incognitae que créent ou créeront les métropoles. Il propose une traversée du terrain d'accueil pour « gens du voyage » au marché forain en passant par les espaces des nouveaux nomadismes générés par la déstructuration des entreprises, notamment de réseau (EDF, GDF, France télécom...), ainsi que par les campings où, faute de moyens, on loge à l'année. Une traversée, pour entendre comment la ville du cadastre rejette, interdit, tolère, s'arrange, appelle ou fabrique la mobilité et le nomadisme. Ce projet de recherche et de création s'inscrit dans la continuité de certains travaux menés depuis 2001 : travail sur l'utopie avec des « gens du voyage » (2001-2003), participation à l'agora de l'habitat choisi (2009), réalisation d'installation vidéo avec les Rroms expulsés du bidonville de la Soie à Villeurbanne (2009) et encadrement du workshop européen « migrating art academy » avec des étudiants en art lituaniens, allemands et français (2010). Il tente d'explorer les notions de ville légère, mobile et non planifiée avec ceux et celles qui les vivent.