AU BORD DE LA SEINE...
Toujours installés dans notre twingo, nous poursuivons notre repérage de la mobilité sur les bords de la Seine. Au bord de la route, au-delà d'une haie fleurie, caravanes et cabane se laissent apercevoir. Monsieur C. nous accueille. Il est élagueur.
« Nous habitions une maison de 120 m2 à Port-Mort en Bord de Seine. Mais la location nous revenait trop cher. Le père de ma femme a acheté ce terrain pour ses trois filles. Nous l'avons donc divisé en trois dans le sens de la largeur. Nous habitons le premier tiers, celui le plus proche de la route, parce que nous sommes là toute l'année. Et pour des raisons de sécurité, il est préférable de voir qui pénètre sur le terrain. La seconde soeur est seulement là l'hiver et la troisième n'est là que deux ou trois semaines par an. Elles ont poursuivi le mode de vie du voyage de leurs parents.
Ici, ce terrain est viabilisé en eau et en électricité. J'ai même fait 2 compteurs EDF séparés, le premier pour nous, le second pour l'une des soeurs de ma femme. Pour la troisième, je tire un câble depuis chez moi, les semaines où elle est ici. Je paye les charges des poubelles, les impôts locaux, et pourtant on ne m'autorise pas à construire une maison. Ça fait 3 ou 4 ans que nous sommes ici, et nous en sommes à notre troisième procès. Nous avons construit ce chalet et le maire a porté plainte. Les gendarmes venaient tous les jours constater la hauteur de la dalle par exemple, qui fait bien moins de 10 cm d'ailleurs, la hauteur, la surface, etc. À la fin, ils venaient boire le café, tellement ils ne comprenaient pas ce qu'ils faisaient là !
L'ancien maire ne voulait pas de nous ici et il ne supportait pas non plus les caravanes. Mais je lui ai répété, il n'y aurait pas de caravane si nous pouvions construire une maison ! On habite en caravane, parce qu'on n'a pas le droit de construire !
Le point positif c'est que ce n'est plus lui le maire. Et la nouvelle mairesse paraît avoir envie de nous aider ! J'ai même réussi à obtenir des contrats d'élagage dans la commune. On verra si les choses peuvent évoluer pour nous. »
Nous visitons les trois parcelles avec lui. Passé la délimitation entre son terrain et celui de la première soeur de sa femme, nous découvrons un garage, dont ne dépasse légèrement que la toiture. Monsieur C. nous précise que ce sont les anciens propriétaires qui ont fait ce garage, car il est visiblement possible de construire, tout en ne dépassant pas 60 cm de hauteur au dessus du sol. « Vous savez, le maire m'a dit, je ne vous autoriserai jamais à construire une maison, mais vous pouvez construire tous les m2 carrés que vous voulez au dessous du sol. On a beau avoir tenté d'y réfléchir, ma femme m'a dit ; mais nous ne sommes pas des rats ! »