Les ouvriers ouzbeks ne nomadisent pas en yourte.
« Ça fait trois ans que je fais ça. Je compte continuer encore deux ans avant de rentrer chez moi »
Il a vingt ans est Ouzbek mais contrairement à l'image d'Épinal ce n'est pas en yourte qu'il nomadise mais de chantier en chantier, d'appartement en appartement. Trois ans, qu'avec ses deux compagnons, il habite les lieux mêmes des chantiers sur lesquels il travaille.
Rendez-vous est pris sur un parking. Et c'est en voiture que nous nous rendons au pied d'un marché. De là nous marchons jusqu'à un ensemble d'immeubles. Le chemin aurait été plus court en voiture mais il ne sais s'y rendre qu'à pied. Digicode, porte, ascenseur, couloir et une porte capitonnée s'ouvre sur des sacs de plâtre empilés dans le vestibule d'un appartement en réfection. Ses deux collègues, Ouzbeks eux aussi, sont là nettoyant leurs outils dans la cuisine. Il nous emmène jusqu'à deux chambres. Au milieu des outils, des ballots d'isolants, des fenêtres à poser sont jetés trois matelas, les leurs le temps du chantier. Un morceau de papier peint est posé à l'entrée et fait office de paillasson pour limiter l'invasion de la poussière de plâtre.
« En Ouzbékistan tout va bien sauf l'argent ! »
Nous nous installons. Il retape un peu sa paillasse et s'assoie sur un tabouret pour répondre à nos questions. « En Ouzbékistan tout va bien sauf l'argent ! » c'est pour ça qu'il a quitté sont emploi de vendeur de chaussure pour venir travailler ici. Tous les ans, avec son équipe, il construisent 6 maisons à Moscou. Pour nous rejoindre, il a quitté le chantier de l'une d'elle. Après nous, il entamera sa deuxième journée de travail ici dans cet appartement : les travaux bruyants jusqu'à 22h puis les travaux silencieux comme l'enduit, le papier peint ou la peinture.
Il n'a pas connu les containers dans lesquels vivent certains ouvriers et ne veut pas les connaître préférant le confort relatif qu'offre ce camping en appartement.
Nous discutons encore, filmons. Puis vient le moment de se séparer. Nous parlons un peu de la destination de ce film. Internet ? Non. Il ne veut pas.
Nous reviendrons avec un premier montage pour discuter.
À suivre...