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TU VEUX QU'ON BOUGE ? OK ! MAIS COMME ON NE DÉMÉNAGE PAS D'UN BIDONVILLE

Numéro 5


Nous le constations à Dieppe, à Villeurbanne, au Havre. Le chantier urbain, depuis le XIXème siècle, expulse, appelle, génère, tour à tour ou simultanément, les mobiles ou la mobilité. Violence folle et désordonnée sous le masque de l'ordre. Difficile de croire qu'il puisse en être autrement.

RÉPONSE #1 À LA FABRIQUE ADMINISTRATIVE DU NOMADE : TOILETTES MOBILES "VAGO"

Nous n'aménageons pas l'enfer. Nous tentons d'équiper la survie de cette urbanité condamnée à la fuite tant que les pouvoirs publics n'auront pas compris l'évidence de sa nécessité. L'évidence aussi de l'espace disponible que leurs chantiers produisent et dont, sur de longues périodes, ils ne font rien. Tant qu'ils n'auront pas compris que l'accompagnement de ces urbanités auto-construites ou la simple bienveillance envers elles font parfois davantage que leur chirurgie au bulldozer. Depuis plusieurs semaines nous rencontrons les habitants du bidonville du Havre. Ensemble nous essayons de dire cette évidence au-dessus des murs sourds. Aujourd'hui nous en outillons la fuite. Et puisqu'on ne peut déménager d'un bidonville, faisons en sorte qu'il devienne mobile.

La préfecture annonçait récemment au collectif de défense du bidonville du quartier de l'Eure, au Havre, qu'elle n'accorderait à celui-ci qu'un mois de survie. Elle autorisait cependant, sur ce même site, l'installation de toilettes sèches. En somme, un mois de sanitaire comme un verre d'eau pour faire avaler la pilule "expulsive". A moins qu'il ne s'agisse d'un os à ronger lancé aux chiens pour qu'ils s'y épuisent. Nous la prenons au mot. Et comme nous avons des dents à revendre, attaquons l'os.

Réalisation de toilettes sèches, démontables et remontables sans outil électrique juin 2013

Le chantier commence avec plus de bras qu'il n'en faut pour décharger les camions et charger le matériel donné par quelques entreprises : palettes, sciure, etc.

Premier geste du chantier, nous installons notre tente « Atelier Cartographique de Campagne » tôt transformée en cabane de chantier pour le stockage des outils, et en abri pour y dormir. Nous campons dans ce bout de Roumanie pauvre. Ce n'est évidemment pour nous que du camping. Bientôt nous repartirons, retrouverons nos lits, nos murs en dur, l'eau courante, l'électricité, les chauffe-eau, l'isolation, les toilettes et les douches. Mais pour l'heure nous campons chez l'habitant, accueillis. On nous offre le café, on discute. On lit des papiers administratifs incompréhensibles pour les habitants des lieux. On tente d'aider, ce qui retarde un peu le chantier. Les palettes reposent en piles au milieu du bidonville. Une équipe dépointe celles qui sont hors norme. Le père de Ioan malgré ses blessures à peine cicatrisées à l'abdomen et au bras donne la main, pose sa hache sous le pied de biche pour faire levier, place les palettes pour rendre plus aisé le démontage. Ironie grinçante, par quelques mots et gestes, il explique qu'en Roumanie il travaillait dans une usine de palettes. Celles qu'il dépointe ici pour aménager et assainir la précarité sont-elles de celles qu'il a monté là-bas ? à l'autre bout de l'Europe ? Auquel cas le voyage de ces pièces de bois semble bien plus léger que celui des hommes. Le groupe électrogène posé, les outils sortis, Ioan et Christi s'activent. Nous confirmons ensemble l'emplacement du premier bloc sanitaire. Posons les premières palettes qui servirons de plancher. S'en suit une longue discussion autour du mode d'assemblage. Nous proposons de joindre les palettes à l'aide d'un système de mortaises et d'agrafes en fer à béton afin de rendre plus aisé le démontage en cas d'expulsion. Ils y croient visiblement peu et préfèreraient pointer l'ensemble comme il le font pour leur baraques. Les femmes du Platz nous apportent régulièrement du café noir chaud ou froid. Nous scions, perçons. Une langue commune nous manque pour échanger avec Ioan, Chriti et Madalin qui construisent avec nous, alors nous dessinons. L'assemblage avance vite. Vous trouverez ci-après une fiche technique pour la réalisation de ces toilettes démontables et remontables sans outils électriques. Ioan et Christy rient devant le premier bloc sanitaire assemblé et coiffé de sa toile. Ils font des gestes, répètent en roumain un mot que nous ne comprenons pas : Vago ! Tour à tour, ils désignent le bloc et font des signes. On devine des roues, des chevaux... Une roulotte ! Oui ! Les toilettes nomades ressemblent à une roulotte. Nos mots communs sont trop rares pour savoir ce que ce véhicule habitable évoque pour eux. Un vernissage pour des toilettes ? Notre tente est vidée pour se transformer en salle de projection foraine. Depuis le milieu de l'après-midi déjà les membres du comité de soutien arrivent peu à peu avec brasero, boissons et nourriture, solidarité, pour eux, usuelle. Il y en eut beaucoup d'autres qui ont soutenu ce chantier : de la voisine qui offre l'électricité et nous laisse tirer une improbable ligne de chez elle à notre enclave coupée de tous réseaux, à cette entreprise et ses salariés offrant et aidant à charger les palettes dans notre camion, en passant par ce menuisier qui fournit à discrétion la sciure de bois nécessaire au fonctionnement des toilettes que Madalin apporte en grands sacs jusqu'ici, ou les nombreux traducteurs qui se sont proposés pour traduire bénévolement le film. Le brasero fume, les invités arrivent, nous faisons le tour des installations, et pour couvrir l'encore lointain bourdonnement des pelleteuses, nous dansons jusque tard dans la nuit au son d'un lecteur Mp3 en forme de voiture miniature. Fiche PDF disponible : http://www.echelleinconnue.net/lehavre/le_havre_toilettes_seches_fiches_construction.pdf

BLOC SANITAIRE DÉMONTABLE VAGO

Afin de permettre à quiconque de réaliser lui-même ces toilettes, voici quelques éléments techniques. Un dossier plus complet, avec notamment des schémas est en ligne sur notre site internet. Ces toilettes constructibles avec de l'électricité, n'en nécessitent toutefois plus, lors du démontage et du remontage. Outils nécessaires : Un groupe électrogène, une meuleuse, une perceuse, un marteau, une masse, une scie à bois, une scie à métaux, une scie circulaire, des tournevis, une visseuse, une raboteuse, des serre-joints, une fraise (diamètre des tubes Iro), des ciseaux, un mètre, un niveau, un crayon, des seaux. Pour le fonctionnement des toilettes, il faut : 2 lunettes de toilettes, 2 poubelles de 50 ou 80 L, du papier toilette, 2 seaux pour la sciure, des sacs à gravas pour la stocker et le contact de quelqu'un qui pourra fournir la sciure régulièrement. Matériel nécessaire : 25 palettes identiques (ici elles mesurent 90x110), énormément de tubes Iro, 4.5m de fer à béton, 3 bâches de 4m x 5m, 100m de drisse, 100m de barnier, 20m de scotch double face, des vis, des clous, de la colle PU, 1/2 bidon d'essence de térébenthine, 1/2 bidon d'huile de lin, 6 tasseaux de 4x5x210 cm, 2 portes avec leurs gonds.

1 - Poser le plancher sur le sol Récupérer et déposer 5 palettes les unes à côté des autres. En fonction de la régularité du sol, caler des chutes de bois pour que le plancher soit parfaitement horizontal.

02- Fabriquer les tenons-mortaises Pour fixer les murs de palettes sur le sol, il faut couper des tenons-mortaises dans des fers à béton. 30 tenons-mortaises de 15 cm de haut, soit 4.5 m de fer à béton.

03- Fixer les murs sur le plancher Les murs sont composés de 6 palettes originales (90x110 cm), de 2 palettes recomposées (77x110), réduites en largeur et dont le montant vertical a été repositionné, et de 2 demi-palettes (60x110). Dans les dés des palettes qui seront en contact avec le plancher, et dans ceux au sol, il faut pré-percer les trous qui accueilleront les tenons-mortaises.

04- Associer les murs entre eux Les palettes des murs sont associées au plancher par les tenons-mortaises. Une planche glissée horizontalement entre deux palettes verticales permet de les assembler entre elles. Il faut compter environ 7 planches de palettes.

05- Finir le plancher Les planches des palettes sont distantes les unes des autres. Il faut donc positionner des planches de palettes dans les vides. 16 + 5 pour terminer le plancher de la zone de stockage.

06- Fixer la charpente La charpente est fabriquée à l'aide de tubes Iro, qui une fois assemblés entre eux, constituent une structure porteuse pour la bâche. Chaque jonction entre deux tubes Iro doit être consolidée avec du barnier. Ces tubes Iro sont glissés dans les palettes à leurs extrémités et fixés à elles par des drisses. Pour cela, il faut percer un trou à l'extrémité des tubes, y glisser la corde et faire un noeud de chaise autour des planches des palettes. Compter de nombreux tubes iro, 50 m de drisse et 50 m de barnier.

07- Fixer la toiture Une fois la charpente réalisée, la bâche (4m x 5m) est posée par dessus et fixée aux palettes et à la charpente par des drisses. Là encore, il faut compter 50 m de drisse.

08- Réaliser et fixer les portes 2 portes récupérées avec leurs gonds sont à poser. 6 tasseaux (4x5x210 cm) sont découpés sur mesure en fonction de la taille des portes. Ils sont fixés sur les murs en palette à l'aide de vis. Pour plus de rigidité, un tasseau bas a été fixé au cadre de porte et des renforts installés en haut, côté intérieur des WC.

09- Réaliser l'assise des toilettes Le bloc sanitaire va permettre de contreventer l'ensemble. Sur des planches devenant tasseaux (compter 4 palettes), coller à la colle PU les planches les unes à côté des autres. Une fois la colle prise, fixer les planches sur les tasseaux avec des vis. Poncer et enduire l'ensemble d'un mélange d'essence de térébenthine et d'huile de lin (la moitié d'un bidon de chaque). Une fois l'ensemble sec, fixer le avec des vis à la structure, en veillant a ce qu'une poubelle puisse être glissée dessous. Dessus viendront se fixer les 2 lunettes des toilettes.

10- Réalisation des cloisons intérieures et extérieures Réaliser 2 cloisons intérieures et 2 cloisons extérieures (entre la porte d'entrée et charpente) Pour une cloison intérieure, il faut réaliser un arc de cercle avec des tubes iro, que l'on fixe, dans des petits trous préalablement fraisés sur une planche plus large que la largeur des toilettes, elle-même fixée à la palette séparatrice. Fixer sur le tube Iro, du scotch double-face. La bâche (1.5m x 1.4m) est fixée sur le tube Iro, grâce au scotch double-face. Pour une cloison extérieure, c'est aux montants de la porte que seront fixés les deux morceaux de bâche.

11 - Protéger des regards et du ruissellement Côté intérieur, fixer à l'aide de vis, des morceaux de bâche préalablement découpés à la bonne taille des palettes et légèrement repliés sur le côté pour faire des doublures. Il faut compter le quart d'une bâche de 4m x 5m.

TU VEUX QU'ON BOUGE ? OK ! Mais comme on ne déménage toujours pas d'un bidonville
RÉPONSE #2 À LA FABRIQUE ADMINISTRATIVE DU NOMADE : DES CHARS MOBILIERS DOMESTIQUES POUR OUTILLER LE DÉPLACEMENT

« Tu veux qu'on bouge ? Ok ! » Ça pourrait faire programme ou stratégie face à la mise en mouvement forcée par l'état. Stratégie oui, une parmi d'autres, à explorer au moins, alternative au bras de fer avec les autorités pour préserver ou faire durer l'installation. Une sorte d' Aïkido visant si possible à l'usure, rendant l'habiter encore plus aisément mobile. Une technique pour voir disparaître les scènes de familles errant sur les décombres de leur habitation pour y retrouver les objets qu'elles n'ont pas eu le temps d'emporter. Une esquisse de projet, permettant peut-être de se déplacer avec sa maison. Chaque meuble, par nature déplaçable, correspondant à une fonction. L'habiter est coutumièrement pensé en terme immobilier or, le harcèlement, le jeu d'expulsion/destruction des bidonvilles par la république impose de le ré-envisager en terme mobilier pour qu'enfin, a minima , on puisse déménager d'un bidonville et ne pas tout perdre sous la pelle mécanique policière. Notre contre-solution technique à la technique guerrière excavatrice, est à la fois une tentative pour armer le « Sauve qui peut ! » ordonné par les préfectures et une tentative de renouer avec l'innovation liée au voyage. Penser les objets pour le voyage est une bien vieille histoire, si on remonte à la malle-toilettes fameuse malle Louis Vuitton. Le maestro de la malle a même fait entrer celle-ci dans le monde du luxe. Mais n'y a-t-il que les grands investisseurs, les colons ou les femmes du monde en mal d'aventure pour qui concevoir ces objets du déplacement ? Le monde n'a jamais été autant en mouvement. Des voyageurs, aujourd'hui il y en a aussi. Pas de ceux qui font de l'aventure le romantisme à l'état brut, ou de ceux qui, en costard, ne se déplacent que de gare en aéroport, ou encore les cibles de l'actuelle pub LVMH, mais de ceux, qui ont le déplacement forcé. La malle-douche : les femmes du bidonville rêvent de douches. À cette malle, contenant un bac de récupération d'eau, nous associons la possibilité de pouvoir y faire la vaisselle, à l'aide d'un bac supplémentaire, qui se plie et se déplie. La malle-armoire : lors d'une expulsion, les habitants ont très peu ou pas de temps pour rassembler leurs affaires, les laissant pour la plupart aux griffes des pelleteuses. La malle-armoire permet de ne pas disperser celles-ci et de pouvoir les emporter, simplement en fermant la porte de la malle. La malle-chauffage-cuisine : les poêles, trop lourds, ne se déménagent pas. Nous avons pensé un objet permettant de transporter ce qui sert à la fois à se chauffer, mais aussi à cuisiner. La malle-toilettes : Le problème des toilettes collectives, c'est leur poids, frein au déplacement d'urgence. Une malle-toilettes individuelle-familiale parait plus adaptée. Caractéristiques : taille : 200 x 100 x 80 cm. poignées : 4 roues : 4 Ces malles s'installent à la verticale pendant leur utilisation (sur 2 des poignées). Elle peuvent aussi sur terrain ferme constituer un support structurel aux cabanes. Elles se mettent à l'horizontal et peuvent s'accrocher les unes aux autres, lorsqu'elles sont en déplacement. TU VEUX QU'ON BOUGE ? OK ! Mais comme on ne déménage toujours pas d'un bidonville
RÉPONSE #3 À LA FABRIQUE ADMINISTRATIVE DU NOMADE : CINECITTÀ, UN PROJET URBAIN DE STUDIO DE CINÉMA

Un studio de cinéma italien : Cinecittà Cinecittà, ville du cinéma, est née dans l'Italie des années 1930. Il s'agissait d'établir le plus grand complexe de création cinématographique européen capable de concurrencer Hollywood. Rapidement surnommé « Hollywood sur Tibre », situé à neuf kilomètres de Rome, ce centre industriel cinématographique regroupe, sur une superficie de 60 hectares, 73 édifices dont 16 théâtres scéniques avec des loges de tout confort, 4 hectares de voirie dont 75 kilomètres de rues, 3,5 hectares de jardins, une grande piscine utilisée pour les prises de vue « maritimes », trois restaurants, divers hôtels pour les employés ainsi que tous les secteurs techniques nécessaires à la réalisation et à la production de films (son, lumière, montage, décors). Dans sa conception, le complexe qui voit ainsi le jour est totalement auto-suffisant. Et constitue à la fois un lieu de travail et de vie temporaire. + Le permis de construire à titre précaire
Document juridique, « le permis à titre précaire », est en tout point équivalent à un permis de construire traditionnel à l'exception de la mention : « à titre précaire » apposée à la première page. Ce permis permet de déroger à toutes les règles d'urbanisme (y compris en matière de raccordement et d'assainissement). Ce permis, d'ores-et-déjà utilisé par les entreprises réalisant des chantiers (par exemple l'ITER ou Bouygues) et mobilisant des ouvriers en déplacement, permet l'installation de structures légères pendant une durée limitée convenue à l'avance avec le propriétaire et la mairie. Le permis doit toutefois justifier de son caractère exceptionnel (chantier, événement culturel ou festif). En somme, il peut être envisagé comme le cadre normatif du « hors norme ». Cette solution est bien entendu à discuter avec les différentes collectivités ayant des compétences dans les domaines de l'habitat, du social, de la santé, de l'emploi, des réseaux d'eau, d'électricité. = Notre Cinecittà « Rrom la cité » Inspirée de cette ville du cinéma, notre Cinecittà vise à créer un studio mobile en extérieur à l'échelle du bidonville (décors de cinéma et loges faisant office d'hébergement transitoire / cantine / studio de montage / sanitaires mobiles...). Ce lieu est mobile pour que toutes les constructions puissent ne pas être démolies dans le cas d'une expulsion mais déplaçables d'un bidonville à un autre. L'objectif est triple, d'une part permettre à des personnes d'occuper légalement un espace. Deuxièmement, filmer et documenter le bidonville comme espace de transition, et ainsi démontrer que le bidonville est la solution à son propre problème. Et troisièmement, profiter de l'accalmie expulsive et de la création d'un film, pour former, tant aux métiers du cinéma qu'à certaines techniques d'auto-construction. En somme, puisqu'on ne déménage pas d'un bidonville, faire de celui-ci une issue plus qu'une impasse ou une halte dans le nomadisme imposé par l'administration. Cela pourrait être un cadre légal évitant ainsi des expulsions pures et dures tout en étant limité dans le temps. POURTANT Des pouvoirs publics peu réceptifs « Comment faire entendre que l'expulsion n'est pas une solution ? Comment raconter qu'elle condamne des familles à une situation pire que celle dans laquelle elles se trouvaient? Comment faire comprendre que voir sa baraque détruite, ses affaires anéanties conduit à encore un peu plus d'indiginité, de fragilité et de vulnérabilité ? évidences maintes fois éprouvées et pourtant inentendables par les oreilles sourdes des pouvoirs. Alors comment faire entendre le bidonville comme une issue, un sas, vers la ville, le droit commun, le logement, vers la régularisation, vers la langue, quand d'évidence, on ne s'entend pas ? Il est de toute première instance de faire dialoguer les deux côtés du mur qui sépare la ville de sa version bidon. C'est dans ce sens, que NOUS (Echelle inconnue, habitants du Platz , bénévoles, collectifs, entreprises) voulons révéler ce qui est là, l'habiter, qui ici se dessine chaque jour, la complexité, la folie parfois du dialogue avec « l'autre côté du mur » : l'administration, la police, les ONG, les institutions. Un moyen : le Cinéma, l'art de l'image et du son pour dire, l'art de la construction, de décors, d'hébergements, d'équipements collectifs, l'art d'habiter une transition vers l'espace public, le droit, l'art de franchir les murs et leur image. Aujourd'hui, nous, Echelle Inconnue, souhaitons déposer un permis de construire précaire pour l'établissement d'une manifestation culturelle d'une année : « Cinecittà, Rrom, la Cité » un studio de tournage au Havre pour la réalisation d'un film. » C'est à peu près en ces termes que nous nous sommes adressés à toutes les mairies de la CODAH, au sous-préfet de Seine Maritime, et à la DIHAL. La réponse à ces courriers est malheureusement courte à conter. Négative, lorsque ces services ont pris le temps de répondre. Visiblement, au Havre, le permis précaire n'existe pas !

Sommaire du numéro 5
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ET SI PARIS FAISAIT SEMBLANT DE NE PAS VOIR SON FONCIER?
HABITER COMME CONTESTER
LA ROUTE VERSUS LE MUR
L'HABITAT MOBILE OUVRIER DE DIEPPE À MOSCOU
L'HABITER MOBILE OU L'ALTERMÉTROPOLISATION
L'HYPOTHÈSE DE L'HISTOIRE
MOSCOU : DÉRIVE EN TERRITOIRE MIGRANT
ON VA LÀ OÙ IL Y A DU TRAVAIL !
SAVOIR MAISON GARDER : UNE VILLA MOBILE RECOMPOSABLE
EDITO / JOURNAL À TITRE PROVISOIRE N°5 : MAKHNOVTCHINA / ENTRE CIRCULATION ET SÉDENTARISATION : HABITER L'IMMOBILIER
NOIRE LA RUBRIQUE : SUR LA ROUTE!
BIDONVILLE DE QUI ES-TU LE PROBLÈME ? DE QUOI ES-TU LA SOLUTION ?
TU VEUX QU'ON BOUGE ? OK ! MAIS COMME ON NE DÉMÉNAGE PAS D'UN BIDONVILLE

Réalisation : Échelle inconnue

MAKHNOVTCHINA
MAKHNOVTCHINA
Makhnovtchina est un repérage actif des nouvelles mobilités urbaines et périurbaines à l'heure des grands projets de métropolisation. C'est un atelier itinérant de production participative d'images (fixes, vidéos, ou multimédia), de textes, de cartes, de journaux, « Work in progress ». Ce travail mené par des architecte, géographe, créateur informatique, sociologue et économiste vise à terme la proposition d'architecture ou d'équipements mobiles et légers. Ce travail vise, en outre, à explorer les futurs vides ou terrae incognitae que créent ou créeront les métropoles. Il propose une traversée du terrain d'accueil pour « gens du voyage » au marché forain en passant par les espaces des nouveaux nomadismes générés par la déstructuration des entreprises, notamment de réseau (EDF, GDF, France télécom...), ainsi que par les campings où, faute de moyens, on loge à l'année. Une traversée, pour entendre comment la ville du cadastre rejette, interdit, tolère, s'arrange, appelle ou fabrique la mobilité et le nomadisme. Ce projet de recherche et de création s'inscrit dans la continuité de certains travaux menés depuis 2001 : travail sur l'utopie avec des « gens du voyage » (2001-2003), participation à l'agora de l'habitat choisi (2009), réalisation d'installation vidéo avec les Rroms expulsés du bidonville de la Soie à Villeurbanne (2009) et encadrement du workshop européen « migrating art academy » avec des étudiants en art lituaniens, allemands et français (2010). Il tente d'explorer les notions de ville légère, mobile et non planifiée avec ceux et celles qui les vivent.