Depuis plusieurs années en Belgique, un projet de loi est porté par des associations et des personnes vivant dans des habitats non ordinaires, pour faire reconnaître officiellement leur situation et doter leur choix de vie et d'habiter d'un cadre légal moins flou.
Dans la nuit du 31 avril au 1er mai 2019, le Parlement de Wallonie réuni en séance plénière a ainsi adopté à l'unanimité l'intégration de la notion « d'habitations légères » dans le Code wallon du Logement et de l'habitat durable, qui devient à cette occasion le Code wallon de l'habitation durable. Ce décret, pour le moment encore à l'état de projet, entrera en vigueur au plus tard le 1er septembre 2019. C'est donc quelques jours après cette évolution législative sur la reconnaissance de l'habitat léger et alternatif en Belgique que se déroulent les Rihal, auxquelles nous sommes invités pour présenter notre travail, organiser des projections avec notre camion-cinéma et faire un retour sur les Rencontres Nationales de l'Habitat Mobile et Léger que nous avions organisées à Rouen.
Ces rencontres internationales ont lieu à Louvain-la-Neuve, dans le quartier de La Baraque. Ce quartier est implanté sur l'ancien hameau de La Baraque, alors destiné à la démolition dans
les années 70 lors de l'implantation de l'Université catholique de Louvain et de la ville nouvelle qu'elle désirait bâtir tout autour. Quelques habitants refusèrent à l'époque l'expropriation et furent bientôt rejoints par un groupe de personnes composé au départ principalement par des étudiants en architecture désireux de construire des habitats alternatifs et expérimentaux.
C'est de cette manière que sur ces terrains squattés avec l'accord des propriétaires s'installèrent les premières roulottes, bus, caravanes, cabanes en terre ou en matériaux de récupération, chalets, yourtes, dômes géodésiques… En 1985, le quartier de La Baraque obtient le statut de « zone d'habitat expérimental » dans le plan d'urbanisme d'Ottignies-Louvain-la-Neuve.
Le quartier est aujourd'hui rejoint par l’expansion de la ville nouvelle de Louvain-la-Neuve qui a également empiété sur une partie des terrains de La Baraque, où les habitants concernés ont dû abandonner leurs habitations.
La première matinée des rencontres a cependant lieu en dehors du quartier de La Baraque, à la Ferme du Biéreau, centre culturel musical à Louvain-la-Neuve, où s’est déroulé
un colloque consacré à la reconnaissance légale de l'habitation légère en Wallonie. Ce premier événement plutôt formel a eu lieu en présence de Madame la ministre du logement et de Monsieur le représentant du ministre de l'environnement, de chercheurs, de représentant d'associations militants pour le droit au logement et à l'habitat, d'habitants du quartier de La Baraque. Une des étapes majeures rencontrée pendant l'étude juridique a été
l'élaboration de la définition de « l'habitation légère », qui n'était jusqu'alors présente dans aucun texte de loi belge. L'enjeu de cette définition étant de préciser ce qui sera regroupé sous cette expression « d’habitation légère », une fois celle-ci intégrée dans le Code wallon,
tout en prenant en compte la diversité de ses formes ou des situations qui la compose et à ne pas en figer les évolutions possibles. À l'inverse, il fallait s'assurer qu’un bâtiment ne puisse pas être compris dans cette définition. L'adoption d'un critère unique ou exclusif semble donc inconciliable avec l’extrême hétérogénéité des situations rencontrées.
Ainsi, l'habitation légère est définit comme
« l'habitation qui satisfait à au moins 3 des caractéristiques suivantes : démontable, déplaçable, d’un volume réduit, d'un faible poids, ayant une emprise au sol limitée, auto-construite, sans étage, sans fondations, qui n'est pas raccordée aux impétrants. » (art. 1Er, 40°, nouveau, du Code wallon de l'habitation durable).
Le gouvernement belge considère qu'environ 15 000 personnes seraient concernées par les habitations légères. En revanche,
le terme « d'habitat mobile » a volontairement été écarté.
« Une voiture n’est pas un habitat ! », précise Madame la ministre du logement. De plus,
la problématique de la mobilité liée au travail n'a pas été abordée. L'argument avancé ést qu’étant donné la petite taille du pays, la question du travail saisonnier est inexistante en Belgique. Mais comme le souligne Arnaud Lemarchand, il y a cependant aujourd’hui près de
500 000 travailleurs détachés en Belgique. Cette question du lien entre habitat et économie est donc bien présente sur ce territoire. « L'habitation légère » est rapprochée ici de choix éthiques, écologiques ou encore liés à des traditions, mais
n'assume pas les enjeux attachés au déplacement pour le travail et ses conséquences en matière de logement.