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NOMADISME ET MÉTROPOLE REJET, DÉTOURNEMENT ET RÉCUPÉRATION

Numéro 4


Première aire urbaine du pays et quatrième aire urbaine d'Europe après Moscou, Londres et Paris, Milan est considérée comme le coeur économique de l'Italie et un des centres névralgiques de la mode. On parle ici comme ailleurs du Grand Milan et la ville définit depuis plusieurs années un important programme urbain de requalification. Tout, l'architecture, la communication, l'urbanisme veulent témoigner, signer et signifier la vitalité économique de la ville.

Voilà ce qu'il en est de l'image officielle largement communiquée et parfois même intégrée. Mais un autre Milan existe. Il s'est développé en même temps que l'arrivée de la main d'oeuvre nécessaire à son industrialisation, un Milan marginal qui, depuis le milieu du vingtième siècle, prend parfois des aspect a-normaux : cabanes, squats, bidonvilles, caravanes...
L'exclusion et la marginalisation ne sont pas seulement liés aux dynamiques de développement de la ville contemporaine. La difficulté de contrôle et de planification d'un habiter mobile et léger ont toujours nourri l'hostilité envers ce type particulier de développement dans nos villes. Dès les années cinquante et soixante, décennies des premières immigrations à Milan, on trouve trace de l'auto-formation d'un habitat mobile et léger. Seuls les aspects négatifs de ces installations sont mis en évidence, sans reconnaissance du potentiel d'intégration à la vie de la ville qu'elles peuvent porter. Ces banlieues nouvelles, composées de fermes délabrées ou de maisons construites illégalement en l'espace d'une nuit, que l'on connaîtra sous l'appellation péjorative de « Corées » en référence à la guerre que les américains menaient à l'époque dans ce pays, ont été perçues négativement du point de vue idéologique et illégales du point de vue de la législation. Illégalité s'appuyant sur une loi promulguée par le régime fasciste établissant une relation de réciprocité entre l'habiter et l'économie. Ainsi, selon elle, pour trouver un travail, il faut être résident dans la zone d'emploi, et, pour obtenir un statut de résident, il faut déjà avoir un emploi...
Une continuité historique donc plus qu'un phénomène nouveau tant la situation actuelle de Milan semble similaire ; même dynamique d'expulsion, en particulier de personnes dont le statut de citoyens n'est pas reconnu en raison de la nature spécifique de leur habitat.
En réaction immédiate à l'absence de planification, ce type d'habitat se recrée dans des espaces officiellement définis comme vides urbains ou zones sous-développées : zones industrielles, zones de chemin de fer, zones militaires (comme ce fut le cas à Paris quand la « zone » s'installa sur le périmètre militaire non ædificandi entourant les fortifications de la capitale française). Suite à la promulgation de lois telles que le « paquet sécurité », des modifications législatives qualifient désormais d'infraction pénale, l'immigration illégale.
Ainsi, le statut criminel implicite de l'immigré s'ajoute aux appétits immobiliers et aux politiques de densification pour favoriser et normaliser la persécution de certains modes de vie et de subsistance.

Sommaire du numéro 4
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EDITO JOURNAL À TITRE PROVISOIRE N°4 : MAKHNOVTCHINA / EXPULSÉE PAR LE CADASTRE, UNE AUTRE VILLE : MOBILE
DES ENCLAVES NOMADES DE FAIT ! ROUEN QUAIS RIVE GAUCHE : TRAVELLERS, FORAINS, OUVRIERS DE LA CATHÉDRALE, CAMPING CARISTES.
« ESPACE MOBILE »
DE LA FOIRE AU LOGICIEL LIBRE : ALLERS ET RETOURS PAR ARNAUD LEMARCHAND
HOMMES DES CAVERNES, TRAVAILLEURS NOMADES, MANOUCHES ET RETRAITÉS
RUBRIQUE NOIRE DU CAFÉ MAGIQUE À L'INSTANTANÉ VOYAGEUR
MKN-VAN ATELIER MOBILE, CARAVANE OUTIL
NOMADISME ET MÉTROPOLE REJET, DÉTOURNEMENT ET RÉCUPÉRATION
LE NIGLOBLASTER, RÉPONSE À L'IMPOSSIBLE CARTOGRAPHIE DE LA MOBILITÉ

Réalisation : Échelle inconnue

MAKHNOVTCHINA
MAKHNOVTCHINA
Makhnovtchina est un repérage actif des nouvelles mobilités urbaines et périurbaines à l'heure des grands projets de métropolisation. C'est un atelier itinérant de production participative d'images (fixes, vidéos, ou multimédia), de textes, de cartes, de journaux, « Work in progress ». Ce travail mené par des architecte, géographe, créateur informatique, sociologue et économiste vise à terme la proposition d'architecture ou d'équipements mobiles et légers. Ce travail vise, en outre, à explorer les futurs vides ou terrae incognitae que créent ou créeront les métropoles. Il propose une traversée du terrain d'accueil pour « gens du voyage » au marché forain en passant par les espaces des nouveaux nomadismes générés par la déstructuration des entreprises, notamment de réseau (EDF, GDF, France télécom...), ainsi que par les campings où, faute de moyens, on loge à l'année. Une traversée, pour entendre comment la ville du cadastre rejette, interdit, tolère, s'arrange, appelle ou fabrique la mobilité et le nomadisme. Ce projet de recherche et de création s'inscrit dans la continuité de certains travaux menés depuis 2001 : travail sur l'utopie avec des « gens du voyage » (2001-2003), participation à l'agora de l'habitat choisi (2009), réalisation d'installation vidéo avec les Rroms expulsés du bidonville de la Soie à Villeurbanne (2009) et encadrement du workshop européen « migrating art academy » avec des étudiants en art lituaniens, allemands et français (2010). Il tente d'explorer les notions de ville légère, mobile et non planifiée avec ceux et celles qui les vivent.