Abonnez-vous à la lettre
de l'échelle inconnue

Prenez-contact avec nous

Champ vide.

menu

POUR ECHELLE INCONNUE LE FILM EN QUESTION

Numéro 8


Le cinéma doit-il intervenir comme un véhicule de pompier ?

Ce journal paraît au moment où une question traverse Échelle Inconnue, après la réalisation de deux moyens- métrages Blouma et Flamanville brûle-t-il ? et après avoir pris la mesure de ce que ces productions représentaient en termes de temps, de coût, ne devrions-nous pas intégrer l'économie traditionnelle du cinéma ? Ou du moins inventer un mode de production hybride entre nos travaux au long cour et la réalisation de ces films. Et nous voilà poules devant un couteau à double tranchant...

Des films, j'en ai toujours fait, un peu, au moins. Comme des griffonnages sur un coin de nappe ou les arabesques distraites que l'on dessine pendant une conversation téléphonique. Des films en bouts, comme des lumières dans les expositions quand l'essentiel de ma pratique avec Échelle Inconnue consistait en manoeuvres dans l'espace public, dispositifs, installations, fables ou environnement à usage unique refusant le statut d'oeuvre pour lui préférer celui de la vie, du présent, ici, maintenant. Des films encore pour documenter cela, en conserver trace, témoigner.
Mais ces pratiques impliquaient nécessairement notre présence. Les productions devaient être portées, accompagnées, à la fois comme prétexte ou support à la rencontre et à l'échange. Nous jetions ça dans la vie même et en observions les rebonds.

Des gestes. Nécessairement accompagnés puisque, comme le vérifient aujourd'hui manifestants et éborgnés, pour que quelque chose existe hors des temples culturels où l'on est invité à faire le sauvage, il faut mettre son propre corps en jeu.

Un peu fatigué peut-être, je rêvais d'images et de paroles qui voyageraient seules, sans être portées ou accompagnées. Qui toucheraient plus largement, dépasseraient notre géographie. Promesse que semble tenir le circuit « normal » du cinéma et son recyclage télévisuel.
Mais voilà les portes de ce circuit sont bien gardées ou du moins difficiles à ouvrir. C'est un monde dans lequel prédomine le besoin (ne s'agirait-il de désir parfois) de se faire acheter. Se faire acheter son film, ses droits, s'en faire déposséder en somme et par là, peut-être, en déposséder ceux qui y ont contribué. De plus, dans le cadre de ce circuit un problème demeure. L'audience, certes élargie reste indistincte et le geste tient parfois du jeté de bouteille à la mer. Le public des salles, même les plus alternatives, est souvent le même, celui des chaînes de télévision également et celui du Net emprisonné dans les mailles du réseau et les recommandations des Google, Facebook et autres GAFA. Alors, la nécessité de porter les films, où se trouvent ceux à qui on les destine apparaît. Il convient alors de nouveau de porter le dispositif cinéma à autant d'endroits que nécessaire. Voilà la modeste renaissance de notre cinéma forain, non pour évangéliser de nouveaux fidèles que de poser en soi la question de l'expression, de l'image et de rôle dans la sphère sociale ou réelle.

Faire lieu hors réseau mais à quel prix ?

Sommaire du numéro 8
--------------------
EDITO / JOURNAL À TITRE PROVISOIRE N°8 : CINÉMA MOBILE D'INTERVENTION
DOSSIER MAKHNO-VAN
POUR ECHELLE INCONNUE LE FILM EN QUESTION
MAKHNO-VAN
LE CINÉMA SUR ROUE D'UN PEUPLE SUR ROUE

MAKHNO-VAN L'ODYSSÉE MÉCANIQUE
LE PROJET DE RODTCHENKO
SUR LA ROUTE DU CARNIVAL
NOIRE LA RUBRIQUE
CINÉMA VOYAGEUR
LE RÉAPPRENTISSAGE DU CINÉMA-FORAIN

PEERTUBE
ÉCRAN VOYAGEUR
LA JAVA DE L'INFRASTRUCTURE
BLOUMA

Réalisation : Échelle inconnue

MAKHNOVTCHINA
MAKHNOVTCHINA
Makhnovtchina est un repérage actif des nouvelles mobilités urbaines et périurbaines à l'heure des grands projets de métropolisation. C'est un atelier itinérant de production participative d'images (fixes, vidéos, ou multimédia), de textes, de cartes, de journaux, « Work in progress ». Ce travail mené par des architecte, géographe, créateur informatique, sociologue et économiste vise à terme la proposition d'architecture ou d'équipements mobiles et légers. Ce travail vise, en outre, à explorer les futurs vides ou terrae incognitae que créent ou créeront les métropoles. Il propose une traversée du terrain d'accueil pour « gens du voyage » au marché forain en passant par les espaces des nouveaux nomadismes générés par la déstructuration des entreprises, notamment de réseau (EDF, GDF, France télécom...), ainsi que par les campings où, faute de moyens, on loge à l'année. Une traversée, pour entendre comment la ville du cadastre rejette, interdit, tolère, s'arrange, appelle ou fabrique la mobilité et le nomadisme. Ce projet de recherche et de création s'inscrit dans la continuité de certains travaux menés depuis 2001 : travail sur l'utopie avec des « gens du voyage » (2001-2003), participation à l'agora de l'habitat choisi (2009), réalisation d'installation vidéo avec les Rroms expulsés du bidonville de la Soie à Villeurbanne (2009) et encadrement du workshop européen « migrating art academy » avec des étudiants en art lituaniens, allemands et français (2010). Il tente d'explorer les notions de ville légère, mobile et non planifiée avec ceux et celles qui les vivent.