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PEERTUBE

Numéro 8


UNE ALTERNATIVE LIBRE ET DÉCENTRALISÉE AUX PLATEFORMES VIDÉOS

À la suite des révélations d'Edward Snowden en 2013 et des différentes affaires d'exploitation ou de fuite de données qui se sont enchaînées depuis, une part importante de la population a désormais conscience de la domination des géants du web, ces fameux GAFAM1, et de leurs impacts sur nos vies. Dès 2014, au sein de l'association Framasoft, nous nous sommes donné comme mission de dégoogliser internet afin de permettre aux internautes de découvrir des alternatives libres aux principaux services proposés par les géants du web. Se libérer de l'hégémonie de YouTube et des principales plateformes (DailyMotion, Vimeo, Twitch, Facebook vidéos...) qui centralisent les créations vidéos nous est très vite apparu comme une évidence.

Nous nous sommes souvent creusé la tête sur la meilleure façon de créer cette alternative qui libérerait à la fois les internautes, les vidéastes et les hébergeurs, sans pénaliser le confort de chacun. Lorsque nous avons eu vent en 2017 de PeerTube, un projet du développeur Chocobozzz, nous nous sommes émerveillé·e·s : sa conception, bien qu'encore en cours de développement, nous laissait entrevoir un logiciel pouvant tout changer. Nous avons donc embauché Chocobozzz en octobre 2017 afin qu'il puisse travailler à temps plein sur cet outil. Après une version bêta sortie en mars 2018, une campagne de financement participatif en juin 2018 et une version 1 en octobre 2018, PeerTube tient ses promesses : 350 instances sont déjà installées et elles proposent plus de 100 000 vidéos (19 To de données).

PeerTube, comment ça marche ?

PeerTube est un logiciel libre qui s'installe sur un serveur et permet de créer un site web d'hébergement et de diffusion de vidéos. Contrairement à YouTube, Viméo, DailyMotion et bien d'autres, PeerTube n'est pas pensé pour créer une énorme plateforme centralisant les vidéos du monde entier. Il s'agit plutôt de créer un réseau de nombreux petits hébergeurs de vidéos, connectés les uns aux autres. Pour la majorité des internautes, le fonctionnement de PeerTube apparaît souvent comme complexe. En effet, nous sommes tellement habitué?e?s à la centralisation des plateformes qu'il nous est difficile de comprendre qu'il n'existe pas un site web PeerTube à partir duquel on peut accéder à toutes les vidéos du réseau, mais des centaines de sites web diffusant des vidéos. Ces sites web sont appelés des instances.

PeerTube est donc un logiciel permettant de rassembler de nombreuses instances au sein de ce que l'on appelle une fédération. Les instances PeerTube ont la possibilité technique (grâce au protocole d'échanges ActivityPub) d'entrer en contact les unes avec les autres, mais ce n'est pas nécessairement le cas. En effet, chaque instance peut décider volontairement de ne pas entrer en contact avec une autre, sur la base des choix, des règles et politiques internes qui lui sont propres. Le protocole ActivityPub permet aussi d'interagir avec d'autres logiciels utilisant ce même protocole. Par exemple, PeerTube et le réseau social Mastodon, alternative à Twitter, sont liés : il est possible de « suivre » un utilisateur PeerTube depuis Mastodon, ou même de commenter une vidéo hébergée sur une instance PeerTube directement depuis un compte Mastodon.

La diffusion de vidéos via le logiciel PeerTube utilise le protocole WebTorrent qui permet le transfert de données en pair-à-pair. Cette technologie facilite la diffusion des vidéos très regardées par les internautes (vidéos virales) en allégeant la charge des sites web qui les hébergent. Ainsi, quand vous visionnez une vidéo, votre ordinateur participe à sa diffusion. Si beaucoup de personnes regardent la même vidéo au même moment, leur navigateur envoie automatiquement des bouts de votre vidéo aux autres spectateurs. Cela permet de ne pas tirer sur les ressources du serveur : les flux se répartissent, le réseau est optimisé. Mine de rien, avant cette diffusion en pair-à-pair, les vidéastes à succès (ou les vidéos qui font le buzz) étaient condamnés à s'héberger chez un géant du web dont l'infrastructure peut encaisser des millions de vues simultanées... Ou à payer très cher un hébergement de vidéo indépendant afin qu'il tienne la charge. Chaque spectateur participe ainsi à une utilisation plus saine d'Internet.

PeerTube est un logiciel libre (licence GNU-AGPL pour les connaisseur?euses). Son code est un « commun » numérique, partagé avec tous et toutes, et non une recette secrète appartenant à Google (pour YouTube) ou à Vivendi/Bolloré (pour Dailymotion). Cette licence libre garantit nos libertés fondamentales d'utilisateurs et utilisatrices et permet à de nombreux contributeurs et contributrices de nous proposer des évolutions et de nouvelles fonctionnalités.

Enfin, PeerTube, comme tous les services proposés par Framasoft, ne vous espionne pas et ne vous enferme pas : en effet, l'application ne collecte pas d'informations personnelles à des fins d'exploitation commerciale, et surtout PeerTube ne vous enferme pas dans une « bulle de filtre ». Par ailleurs, il n'utilise pas d'algorithme de recommandation biaisé pour vous faire rester indéfiniment en ligne.

Regarder des vidéos hébergées sur les instances PeerTube En se rendant sur une instance PeerTube, un internaute pourra visionner et interagir avec les vidéos proposées au sein de l'instance mais aussi celles des instances que l'hébergeur aura fédérées. De plus, Framasoft a mis en place le site web joinpeertube.org pour que tous les internautes aient davantage d'information sur le projet PeerTube. Vous y trouverez ainsi la liste des instances ouvertes à l'inscription et pourrez donc voir si une instance est fédérée avec d'autres ou non. Nous envisageons aussi d'y proposer des sélections d'instances qui nous semblent intéressantes : cela devrait donc vous être proposé d'ici quelques mois. Mais les possibilités de rebond entre instances vous permettent déjà de découvrir des milliers de contenus vidéos.

Diffuser ses vidéos avec PeerTube

Pour les vidéastes / cinéastes qui souhaitent diffuser leurs vidéos sur le réseau fédéré PeerTube, il convient de choisir un hébergeur (donc une instance) pour y publier ses vidéos ou de créer sa propre instance. Comme toutes les instances ne sont pas ouvertes aux inscriptions, il est préférable de prendre le temps d'aller lire la section à propos? de chaque instance pour découvrir les conditions d'utilisation (limite d'espace disque par utilisateur, politique sur les contenus, etc.), la politique de modération et les choix de fédération qu'elle propose. Ensuite, il est conseillé de contacter directement les hébergeurs afin d'échanger sur leur vision, comprendre leur modèle économique mais aussi pour suggérer des évolutions. En effet, confier ses vidéos à une instance relève de la confiance mutuelle entre hébergeur et vidéaste / cinéaste.

Sommaire du numéro 8
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EDITO / JOURNAL À TITRE PROVISOIRE N°8 : CINÉMA MOBILE D'INTERVENTION
DOSSIER MAKHNO-VAN
POUR ECHELLE INCONNUE LE FILM EN QUESTION
MAKHNO-VAN
LE CINÉMA SUR ROUE D'UN PEUPLE SUR ROUE

MAKHNO-VAN L'ODYSSÉE MÉCANIQUE
LE PROJET DE RODTCHENKO
SUR LA ROUTE DU CARNIVAL
NOIRE LA RUBRIQUE
CINÉMA VOYAGEUR
LE RÉAPPRENTISSAGE DU CINÉMA-FORAIN

PEERTUBE
ÉCRAN VOYAGEUR
LA JAVA DE L'INFRASTRUCTURE
BLOUMA

Réalisation : Échelle inconnue

MAKHNOVTCHINA
MAKHNOVTCHINA
Makhnovtchina est un repérage actif des nouvelles mobilités urbaines et périurbaines à l'heure des grands projets de métropolisation. C'est un atelier itinérant de production participative d'images (fixes, vidéos, ou multimédia), de textes, de cartes, de journaux, « Work in progress ». Ce travail mené par des architecte, géographe, créateur informatique, sociologue et économiste vise à terme la proposition d'architecture ou d'équipements mobiles et légers. Ce travail vise, en outre, à explorer les futurs vides ou terrae incognitae que créent ou créeront les métropoles. Il propose une traversée du terrain d'accueil pour « gens du voyage » au marché forain en passant par les espaces des nouveaux nomadismes générés par la déstructuration des entreprises, notamment de réseau (EDF, GDF, France télécom...), ainsi que par les campings où, faute de moyens, on loge à l'année. Une traversée, pour entendre comment la ville du cadastre rejette, interdit, tolère, s'arrange, appelle ou fabrique la mobilité et le nomadisme. Ce projet de recherche et de création s'inscrit dans la continuité de certains travaux menés depuis 2001 : travail sur l'utopie avec des « gens du voyage » (2001-2003), participation à l'agora de l'habitat choisi (2009), réalisation d'installation vidéo avec les Rroms expulsés du bidonville de la Soie à Villeurbanne (2009) et encadrement du workshop européen « migrating art academy » avec des étudiants en art lituaniens, allemands et français (2010). Il tente d'explorer les notions de ville légère, mobile et non planifiée avec ceux et celles qui les vivent.